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Clean

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les avis de Cinemasie

4 critiques: 3.38/5

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21 critiques: 3.39/5



Xavier Chanoine 3.5 Du courage
Arno Ching-wan 3.25 Avis partagés
Yann K 3.5 Clean "clean"
Ordell Robbie 3.25 Envers du Rock et Nouvelle Vie
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Du courage

Précieux, fragile et désespérément humain, Clean vaut plus que son étiquette de chronique d'une ancienne junkie, sous fond de rock et de comédie dramatique comme les cinéastes français savent le faire. Pourtant, si le film d'Olivier Assayas fonctionne et touche autant, c'est parce qu'il est sublimé par l'interprétation de Maggie Cheung, touchée par la grâce, deux ans après le blockbuster Hero. Pourtant Maggie Cheung confiait à Cannes en 2000 qu'elle en avait assez de tourner dans des films commerciaux et que faire des films d'auteurs de temps en temps lui convenait parfaitement, avec Wong Kar-Wai entre autre même si l'on connaît les tristes rapports qu'ils entretiennent tous les deux depuis 2046, sa dernière apparition à ce jour au cinéma, avec Clean. L'on est amené à se demander si Maggie Cheung a encore goût pour le cinéma, qui après une carrière exemplaire en compagnie de Jackie Chan pour ses débuts, Wong Kar-Wai ou Tsui Hark pour sa notoriété internationnale, pourrait freiner du pieds et prendre une retraite ainsi bien méritée, sagement assise au panthéon des actrices asiatiques -et mondiales- qui ont laissé une trace indélébile dans l'univers du cinéma. Avec Clean, cette dernière étonne, sied et décourage par son personnage de "femme" et "mère" qui tente de refaire sa vie après le décès de son mari et star de rock, disparu des suites d'une overdose d'héroïne. Clean propose donc un parcours à travers l'Europe (Paris, Londres), les Etats-Unis (San Francisco) et le Canada (Vancouver), autant de cultures différentes qui finissent par se rejoindre notamment grâce à la présence de Nick Nolte, éternel grand second couteau du cinéma américain ici dans la peau d'un vieil homme, père du défunt mari d'Emily, et Maggie Cheung parce qu'elle représente le modèle de mixité culturelle (actrice Hongkongaise maîtrisant aussi le français et l'anglais). Olivier Assayas a su tirer parti à la fois du charme de l'actrice et de la finesse d'écriture du scénario, sorte d'ascenseur émotionnel et descente aux enfers d'une ex-chanteuse rock, heureusement souvent secouée d'éclairs d'espoir (la rencontre avec le petit Jay, le contrat quasiment signé avec un Label de disque en fin de métrage). Mais voyez avant tout Clean pour son actrice, franchement au-dessus du lot.

17 mai 2007
par Xavier Chanoine




Avis partagés

Smeagol (saute dans la pièce, les bras levés et le visage épanoui) : Beauuuu ! Très beau film ! ! Smeagol très ému ! ! Maggie beeeelle, histoire beeeeelle, ambiance… beeeeeelle ! ! Awaouuuh, Smeagol trop dedans ! !

Gollum (assis dans la seconde sur le canapé, l’air dépité) : Tssssss… Clean nul. Comme drames qu’on trouve dans films policiers. Mais là y’a pas film policier autour. Musique un peu comme dans « Heat », mais pas de « boum-boum-ratata » entre moments ennuyeux. Clean nul !

Smeagol (les mains jointes, les yeux brillants) : Pas ennuyeux : beauuuuu. Regard de Maggie enchanter Smeagol. Et visage de Maggie plus vieux, mais, euh… « capable d'offrir aussi bien les larmes, la détermination, la joie de la (re)conquête que les mines des lendemains qui déch...»

Gollum (l’air méprisant) : Pffff, Smeagol trop aller sur internet pour lire critiques inutiles ! ! Smeagol dire n’importe quoi ! ! Nul ! ! Film parisien sur vie parisienne branchée bi-sexe, fumer être cool… (geste dédaigneux) Pouah ! ! Pas bon ! ! Moi pas parisien et pas gêné ! ! Devant ça, pas besoin Kleenex pour pleurer. Ni pour autre chose parce que Maggie jamais nue ! Nul !

Smeagol (interloqué) : Kleenex ? Clean ex-traordinaire, oh ça oui ! ! (Smeagol baisse les yeux, peiné) Moments triiiiiistes, passages difficiiiiiiiles. Houla oui, Smeagol caché derrière canapé quand Rick Nol dire à Maggie qu’enfant pas partir avec elle. Triiiiiiste.

Gollum (se cherche une crotte de nez récalcitrante): Pffff, Nick Nolte, pas Rick Nol. Smeagol dire n’importe quoi.

Smeagol (nimbé par les pubs à la télé): Smeagol adorer Clean, très good ! !

Gollum (cynique, sourire en coin): Gollum préférer Clint Eastwood…

Smeagol (acquiesce et bondit, puis tournoie autour de la télé) : Ouiiiii, « Route Madison » triiiiiiste, beauuuuuu, musique beeeeelle ! ! Smeagol beaucoup pleurer quand voiture à Clint clignoter(*) et partir ! !

Gollum (mange une cacahuète. A moins que ce ne soit… ) : Bon. Y’en a marre d’Arte. Demain c’est DVD avec Donnie Yen. Lui pas rigolo, lui « cleaner » avec coups de pied au moins ! !

Smeagol (le regard plein d'espoir) : Donnie Yen jouer dans "The lovers"?….

Gollum (le regard vide): Non.

(A suivre…)

(*) A ne pas confondre avec "Cligne Eastwood", aucun lien de parenté, qui passait son temps depuis l'ouest du bois de boulogne à faire de l'oeil aux transexuels en vadrouille dans la forêt. D'où son nom à ce monsieur. CQFD.



17 mai 2007
par Arno Ching-wan




Clean "clean"

Il manque peu à Clean pour entre génial. C'est malheureux à dire à cet éminent connaisseur du rock, il manque du rock. Il y avait deux solutions : soit plus de sécheresse punk, exactement le même scénario mais direct in the face, que du Maggie, une ligne tirée, tendue, jusqu'au happy end. Pour Assayas, cela aurait été un retour à ses premiers films et une belle manière d'assumer sa froideur, sa distance de dandy parisien, son amour de Hou Hsiao-Hsien. Un film Strokes, Placebo, Interpol, Cure peut être, qui n'aurait pas été Clean, mais Cold.

Soit du pathos blues, des impros, des larsens, que du Maggie toujours, toujours le même scénario mais avec des hurlements, des pleurs in extenso, ses sons pas clairs, des fulgurances. Pour Assayas, cela aurait été l'aboutissement des errements de Demonlover, l'Eau Froide 2 (inversé, avec happy end), un film plus japonais, peut être du Shunji Iwaï en forme olympique, une manière d'assumer sa belle envie de faire des films internationaux. Un film Sonic Youth, Radiohead, White Stripes, Neil Young, qu'importe. Le titre aurait été imbitable, du genre "See Emily Play", un titre de Pink Floyd 1967, période Syd Barett.

Mais Clean s'appelle Clean, parle d'être Clean et est obstinément Clean. Il démarre pourtant sur du vrai rock, crade, presque amateur. Mais... mixé "Clean" : comme dans une sitcom, les personnages parlent posément alors que Assayas sait bien que dans une salle de rock, on ne s'entend pas parler. Par la suite, la musique est très décevante par rapport aux précédentes B.O. d'Assayas, de l'ambiant zen, un comble. Là encore, exception, une des meilleures scènes du film : Béatrice Dalle écoute une démo de Emily et dit : "Je trouve ça ni bien ni mal". C'est ça le rock : les Stones en ont fait, des démos nulles... L'image aussi est clean, sauf au début, encore, puis les variations suivantes sont infimes.

On est déçus, car le scénario est parfait, la trajectoire vers un happy end plus audacieuse qu'elle n'y parait, et tous les acteurs sont métamorphosés. Quel filmeur de femmes, tout de même, et Nick Nolte, immense. On voulait adorer ce film. Deux visions n'ont pas pu changer une amère déception, exceptés les quelques exemples ci-dessus. Clean est beau, mais comme certains groupes de rock établis vont parfois aller chercher le producteur qui leur sortira un son FM lisse, Assayas est allé cherché le grand public. Il semblait avoir peur d'abîmer sa Maggie, comme un bourgeois avec sa belle bagnole. Assayas est clean, maintenant, Maggie est une anti-star en couv' de Telerama. Fuck.



07 septembre 2004
par Yann K




Envers du Rock et Nouvelle Vie

En portant de nouveau son regard de cinéaste sur un milieu -le milieu rock- qui lui avait déjà réussi cinématographiquement à ses débuts (le très bon Désordre), Assayas offre avec Clean une petite réussite confirmant qu'il est à son meilleur dès qu'il s'agit de parler d'un courant musical qu'il aime et des acteurs de ce courant. S'agit-il pour autant du grand film claironné ici et là? Non du fait de quelques défauts pas négligeables. S'agit-il comme le pensent les détracteurs du film de son oeuvre consensuelle, pleine de bons sentiments et cherchant à ratisser large? Non, car on ne saurait reprocher à un auteur chéri de la critique de tenter de concilier ambition et effort d'accessibilité. Surtout quand son film ne nie pas la face noire du rock et du combat d'une femme...

Clean réussit en effet le paradoxe d'être une oeuvre très juste sur le milieu du rock et sur ce que le rock est devenu à partir d'un pitch tout sauf rock'n'roll puisqu'il parle d'efforts mobilisés pour tourner le dos à ses exçès passés, pour pouvoir mener une vie normale de mère de famille. Mais à bien y regarder ce paradoxe n'est qu'apparent vu que le film s'inscrit dans la droite ligne de l'entreprise démythificatrice du milieu rock et de la rock'n'roll way of life de Désordre: le personnage d'Emily ne correspond à aucun des stéréotypes féminins acceptés par le milieu rock -la chanteuse au look "garçon manqué" à la Patti Smith ou la groupie- et Assayas évoque une partie de ce qui fait la mythologie rock aux yeux de ses amateurs au travers du prix qu'il faut payer pour l'incarner, des situations personnelles dramatiques qu'elle peut créer pour ceux qui ont vécu la réalité derrière le mythe.

Le film fonctionne d'ailleurs en partie sur le décalage entre l'image qu'ont les autres d'Emily et ce que peut impliquer sa volonté de survivre à tout prix, de tourner le dos à son passé pour pouvoir (se) prouver qu'elle peut récupérer son fils et être en état de l'élever: être serveuse dans un restaurant chinois ou vendeuse au Printemps entre autres... Si l'on excepte les superbes scène en concert (qui prouvent au passage qu'Assayas n'a rien perdu de son talent pour capter l'énergie rock en action sur scène), c'est ce versant-là du film qui lui donne ses moments de grâce transcendés par une Maggie Cheung jouant ici une figure de femme ancrée dans le quotidien, voyageuse polyglotte tiraillée entre Europe, Amérique et Extrême Orient, dépourvue de la dimension glamour des rôles qui ont fait sa gloire en Occident et capable d'offrir aussi bien les larmes, la détermination, la joie de la (re)conquête que les mines des lendemains qui déchantent.

L'autre interprète qui donne au film quelques-uns de ses plus beaux moments, c'est Nick Nolte au rôle d'Albrecht incarnant une figure d'homme bon, capable de pardon vis à vis d'Emily. Albrecht est en effet conscient du combat de cette dernière parce qu'il sait qu'il lui faudra un jour passer le relais de l'éducation de Jay à Emily. Nick Nolte porte son rôle de toute sa voix usée par la clope. Ce rôle fait de plus sourire quand on sait le passé de l'acteur concernant la prise de substances illicites. L'investissement de Maggie Cheung et Nick Nolte dans leurs rôles respectifs est tel qu'ils arrivent à émouvoir même quand le texte qu'ils ont à dire offre des aphorismes sur la vie digne d'un mauvais tube de variétés.

Puisqu'on en est à parler des défauts du film: outre que les passages concernant Balibar et Tricky sont moins réussis que le reste, le scénario comporte quelques invraisemblances. Le fait que Emily soit très vite "sur les bons rails" fait facilité mélodramatique par exemple. Dommage parce qu'en évoquant un univers rock dont toute innocence a disparu, où certains réussissent en se reniant, un rock devenu business et objet de consommation même dans ce qui était censé être ses zones de résistance à cette évolution (le rock indépendant des années 80-90) Assayas fait mouche. Parmi les qualités "rock" du film, on trouve aussi une BOF où les morceaux de Brian Eno font entre autres leur petit effet atmosphérique. Mais surtout une mise en scène finalement totalement rock dans sa diversité (à l'image d'un film voyageur tourné entre les USA, Londres, Paris et la Canada) qui permet de mesurer le chemin parcouru par Assayas depuis ses débuts. Au gré du récit, elle sait se faire énergique pour capter caméra à l'épaule l'énergie d'un concert rock ou celle de Maggie Cheung comme se poser ou se faire par moments plus ample ou classique lorsque le récit le demande. Le film est bien cadré en Scope et sa photographie lui offre un peu de mélancolie lorsqu'elle se fait bleutée. Quant à l'ex-Gallon Drunk maintenant membre des Bad Seeds James Johnston ou Béatrice Dalle, ils n'ont pas besoin de beaucoup de temps de présence à l'écran pour marquer le film de leur charisme inné.

Mais que manque-t-il pour faire un grand film? Dans Clean, Assayas filme bienMais sa mise en scène est un peu mi-figue mi-raisin: on sent qu'il voudrait concilier une capacité de la mise en scène et du montage à être synchrone du ressenti des personnages héritée de la Nouvelle Vague et un sens plastique digne de Michael Mann et des stylistes hongkongais. En lieu et place de la synthèse espérée, on est face à un compromis mollasson. Assayas, champion du monde des films grandioses sur le papier?



02 juillet 2004
par Ordell Robbie


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